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Blason Banc National d'Epreuves de Saint-Etienne

Les origines

L’origine de l’épreuve à Saint-Etienne n’est pas clairement établie. Elle se perd au cours du XVIIe siècle avec la fabrication des armes de guerre que le pouvoir royal confie à des entrepreneurs et artisans stéphanois. Le pouvoir centralisé mis en place avec Louis XIV cherche à normaliser la fourniture des armes à ses armées en établissant en 1665 un magasin royal des armes à la Bastille. A la tête de ce magasin, Maximilien Titon, se voyant confier le privilège de l’approvisionnement des armées royales, se met en mesure de s’assurer du bon fonctionnement et de la sûreté des armes qu’il réceptionne.

Les entrepreneurs stéphanois, accrédités pour pouvoir livrer à ce magasin, doivent s’assurer à leur tour de la qualité des armes qu’ils expédient à Paris. Suite à l’établissement d’un premier règlement pour la fabrication des armes de guerre en 1717, portant sur la normalisation des canons afin d’homogénéiser la fourniture des munitions, l’épreuve s’affirme de plus en plus comme une obligation. Pierre François Girard, né et mort à Saint-Etienne (1674-1751), entrepreneur du roi, est le premier dont les lacunaires chroniques historiques de Saint-Etienne conservent la mémoire comme ayant établi un Banc d’Epreuve. L’existence de ce Banc d’Epreuve, installé par Pierre Girard « au gué du Chavanelet dans le quartier de l’Heurton », est attestée en 1743.

Avec l’organisation de la production des armes de guerre à Saint-Etienne sous le statut de manufacture royale à partir de 1764, obligeant les armuriers travaillant à ces fournitures de ne travailler que pour le roi, la scission entre production des armes de guerre et des armes de chasse, dites bourgeoises, ne va cesser de s’affirmer.

Pendant plusieurs années, l’épreuve des armes bourgeoises fait l’objet de discussions divergentes entre le pouvoir royal, qui souhaite s’assurer de la qualité et d’une sécurité minimum d’utilisation des armes mises sur le marché, et les artisans armuriers privés qui tiennent à leur indépendance. Comme cette épreuve n’est encore effectuée que par le Banc d’Epreuve de la manufacture royale, sous le contrôle des inspecteurs et contrôleurs d’état, les canons sont éprouvés aux charges de guerre. Face aux trop nombreux rebuts d’épreuve des armes bourgeoises, les armuriers « civils » stéphanois réclament que l’épreuve des armes de chasse soit plus légère et séparée de celle des armes de guerre. Ils obtiennent finalement satisfaction par arrêt du conseil d’état du roi du 17 janvier 1782.

Naissance du Banc d’Epreuve

La date de 1782 marque donc la réelle naissance de l’actuel Banc d’Epreuve. Augustin Merley, canonnier de renom d’une vielle famille de l’armurerie stéphanoise, est le premier éprouveur des armes bourgeoises, nommé, parmi les trois candidats que propose la ville, par l’intendant de Lyon en 1782. Le chargement des armes ne se faisant pas encore par la culasse, seuls les canons sont éprouvés, fixés horizontalement à un banc, le talon de la culasse appuyé contre une forte bande de fer. Si le canon résiste sans déformation à la charge d’épreuve, l’éprouveur appose le sacrosaint poinçon d’épreuve, véritable garantie de confiance entre le vendeur et l’acheteur.

Porteur du renom et de l’image de marque de l’armurerie stéphanoise, ce poinçon est constitué des palmes croisées symbole du martyr de Saint-Etienne, saint patron de la ville.

Avec la Révolution et l’abolition de tous les privilèges royaux, Augustin Merley doit abandonner l’épreuve des armes et le revenu qu’il en tirait.

Cette épreuve est rétablie dès 1797 à la demande des armuriers pour qui elle est devenue un incontournable argument technique et commercial.

Augustin Merley démissionne en 1809, trop âgé et devant faire face à l’augmentation incessante du prix des poudres. L’année suivante, un décret impérial réglemente l’épreuve pour tout l’empire qui comprend alors Liège. Le neveu d’Augustin Merley est nommé comme éprouveur. On retrouve dans les syndics en charge de la surveillance de l’épreuve les noms d’armuriers et canonniers connus de l’époque : Romain Peurière, Jean-Baptiste Thomas, Merley-Chauve, Hugues Vignat, Jean-François Chaleyer et Giraud-Dumarest.

Les fraudes à l’épreuve sont encore courantes et il faut par exemple changer le poinçon, dérobé ou perdu en 1824, pour éviter des épreuves non-conformes.

En 1836, Merley-Duon établit un nouveau Banc d’Epreuve non loin du précédent, toujours rue de l’Heurton.

1848, périodes de turbulence…

Le Banc d’Epreuve entre en turbulence à partir de 1848 : il n’y a plus de syndic, le tarif et la validité de l’épreuve sont remis en cause par les armuriers…

L’éprouveur Merley-Duon meurt en 1855. Il sera le dernier entrepreneur privé de l’épreuve. En effet, à la demande des armuriers, de la ville et de la chambre de commerce, dès 1856 et par décret impérial, la gestion de l’épreuve est confiée à la chambre de commerce et d’industrie de Saint-Etienne. Le Banc d’Epreuve de la rue de l’Heurton est racheté à la veuve d’Augustin Merley et Merley-Tivet, ancien canonnier et contrôleur de la manufacture impériale, est nommé comme éprouveur. Avec la stabilisation de son fonctionnement, le Banc d’Epreuve voit s’établir dans sa proximité les canonniers et armuriers qui doivent venir y faire éprouver leurs productions. Se constitue ainsi de fait, par économie de déplacement, entre la canonnerie établie aux Rives pour la manufacture impériale et le banc d’épreuve, un véritable quartier armurier.

Le développement

Après 1880, l’évolution des armes incite de plus en plus à en éprouver la fermeture autant que le canon. Dès 1883 il est ainsi envisagé d’agrandir le Banc d’Epreuve. La commission nommée par la chambre de commerce se renseigne sur les installations de celui récemment installé à Liège et achète les terrains attenant au bâtiment existant, rue Jean-Claude Tissot, en 1885. Cette même année, la loi Farcy du 14 août 1885 libéralisant la fabrication et le commerce des armes non-réglementaires, remet du même coup en cause l’obligation de l’épreuve. Mais une fois de plus, les armuriers, conscients de l’indispensable valeur ajoutée technique et commerciale qu’apporte l’épreuve à leurs produits, réclament le retour à l’épreuve obligatoire de peur de voir naître des concurrences en deçà de la sécurité. La chambre de commerce décide de maintenir l’épreuve et même de la compléter de l’épreuve des armes finies. Par décrets du 7 novembre 1895, les chambres de commerce de Saint-Etienne et Paris sont confirmées dans la gestion de leurs Bancs d’Epreuve respectifs. Faute de rendre l’épreuve obligatoire comme le demandent les armuriers, ce décret la reconnaît tout de même officielle. La chambre de commerce reprend alors son projet d’agrandissement des locaux. Entre 1903 et 1908, sur les plans de l’architecte Lamaizière, un nouveau Banc d’Epreuve plus vaste et plus moderne voit le jour rue Jean-Claude Tissot. La rue de l’Epreuve toute proche conserve encore le souvenir de l’emplacement du Banc d’Epreuve d’alors, aujourd’hui détruit. 1910 est une année marquante dans l’histoire de l’épreuve des armes, avec la réunion d’une commission internationale (France, Allemagne, Belgique, Autriche et Italie) cherchant à normaliser l’épreuve des armes d’un pays à l’autre et donnant naissance à la Commission Technique Internationale bientôt transformée en Commission Internationale Permanente des armes à feu (CIP). Comme cela avait déjà été le cas en 1870, mais en plus grand et plus longtemps, le Banc d’Epreuve est mobilisé pour éprouver armes et munitions de guerre en 14-18. Il faut ensuite attendre un arrêté du 2 juillet 1960 pour qu’une nouvelle étape notoire soit franchie avec le rétablissement de l’épreuve obligatoire et la confirmation de la CCI dans sa gestion du banc d’épreuve de Saint-Etienne. Pour faciliter l’épreuve des grosses productions de certaines entreprises, cette année là voit également la création de trois annexes au Banc d’Epreuve : à Manufrance (St-Etienne), à GEVARM (St-Germain-Laval, Loire) et à la SFMM (St-Jean-de-Muzols, Ardèche).

A partir de 1973, le Banc d’Epreuve de Saint-Etienne se voit confier la gestion de celui de Paris et de ses annexes de Mulhouse, Bayonne et Hendaye. Paris est fermé en 1978, faisant de Saint-Etienne le seul Banc d’Epreuve de France.

Au début de 1988, le Banc d’Epreuve s’installe dans ses nouveaux locaux, 5 rue de Méons, dans la ZI de Molina Nord. Face à l’évolution du marché de l’arme qui suit l’évolution du statut social de la chasse, cette nouvelle installation permet au Banc d’Epreuve de déployer ses savoir-faire, en particulier au service des essais sur les nouveaux matériaux de protection.

Eric PERRIN Musée d’Art et d’Industrie, Saint-Etienne

 

 


L’histoire du Banc National d’Epreuve

 

L’histoire du banc national d’épreuve : plus de 200 ans d’innovation

« Un laboratoire unique en France, une référence depuis 1782 » paru aux éditions EMCC et réédité en octobre 2014.

Au vu de la date de parution du livre , les informations sur la certification et les agréments ne sont pas actualisés.Veuillez ne pas en tenir compte. Merci et bonne lecture.

 

 


En savoir plus :

Musée d’Art et d’Industrie de Saint-Etienne : www.musee-art-industrie.saint-etienne.fr

Office du Tourisme :www.saint-etienne-hors-cadre.fr